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METTEUSE EN SCÈNE 

Carole Rochelle

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Comédienne, fondatrice du collectif 8 1/2 et Membre du pôle gouvernance de La Pépinière du Nouveau Monde depuis Mai 2019, Carole pense à la mise en scène depuis longtemps. Sa découverte de l'oeuvre de Charlotte Delbo lui donne le désir de passer à la mise en scène et c'est sa rencontre avec La Pépinière du Nouveau Monde qui lui en donne la possibilité. Elle y trouve la base artistique et technique nécessaire pour développer son projet de mise en scène de Mesure de nos jours de Charlotte Delbo

Elle obtient les droits pour la lecture mise en espace de l'intégralité de Mesure de nos jours. 

Elle souhaite présenter une  lecture mise en espace de la première partie du texte puis proposer une adaptation afin de présenter l’oeuvre plus avant.

Riche d’expériences diverses, avec une formation théâtrale classique sous la direction d’Yves Pignot au théâtre de Boulogne-Billancourt (T.B.B), Dominique Viriot, Véra Gregh, Carole Rochelle participe également aux ateliers de Saskia Cohen-Tanugi à la Villette, de Tsilla Chelton, de Véra Goréva du théâtre d'art de Mouscou et joue dans différents spectacles à Paris, en Belgique sous la direction d’Yves Pignot, Jule Ravix, Armand Delcampe, Saskia Cohen-Tanugi, Sylvie Gravagna, P.Martineau…

Comme comédienne, elle participe à des stages théâtre, Alain Knapp à la Tempête, Hélène Zidi-Cheruy au Théâtre de l’Atelier, Maëlle Poésy au CDN de Dijon, Simon Hanukaï pour un travail sur le théâtre immersif, Florent Trochel et Marie Piemontèse sur « Nouveaux espaces scéniques & pratiques pour l’acteur » ou encore Xavier Durringer, Johanna Boyé autour d’Angels in America. également des stages caméras avec Bruno Putzulu, Gaël Morel, Sébastien Bonnabel, Kim Massee, Jack Waltzer, Médiane Art & communication.

Elle s'intéresse depuis une dizaine d’années à la direction d’acteurs et « coache » régulièrement des comédien.nes.

Au cinéma, elle travaille avec différents réalisateurs  (Mikhaël Hers, Sylvain Desclous, Alexandra Rojo, Éric Lavaine, Nicolas Bedos, Lucia Sanchez, Jihane Chouaïb, Yves Hanchar, Vanessa Zambernardi, Olivier Guyot, Loïc Nicoloff) et participe à la télé à des séries, telles que Nina, Engrenages, L’école de la vie, dans des unitaires Ludovic Colbeau-Justin, Julie Lopes Curval, Jean-Christophe Klotz en passant par l’improvisation et l’enseignement pour Les Ateliers bleus de la ville de Paris, la DRAC, l’INFA, elle dirige des cours et des stages pour des publics en difficulté, montant des spectacles à partir d’improvisations et d’écrits des participants avec des représentations de fin de stage ou d'année.  Par ailleurs, elle a créé et mis en scène un spectacle pour le jeune public inspiré d’un conte russe avec la compagnie « Les Petits bouffons de Paris » à l’affiche de l’Atelier Théâtre de Montmartre durant 2 ans.

Intentions de mise en scène


Je souhaitais être le plus fidèle possible à l'écriture et à l'esprit de Charlotte Delbo et de ses camarades avec une mise en espace sobre, minimaliste qui met l'essentiel au centre : la force du texte, sa densité, qu'elle en devienne palpable dans une forme d'épure, de dépouillement.

En m'appuyant sur un espace vide hormis quelques éléments de décor, j'ai d'abord choisi de donner une place particulière à la narratrice, l'auteur Charlotte Delbo et à son caractère exceptionnel en la plaçant à la fois à distance, telle une figure tutélaire, gardienne de la mémoire et des valeurs, et à l'intérieur du dispositif montrant ainsi la puissance des liens avec ses camarades, leur indéfectible solidarité et la profonde intimité, humanité qui les unissent.

Les témoignages de chacun des portraits sont accompagnés par des lumières différentes qui caractérisent un univers singulier, isolent pour mieux éclairer chaque individu, soulignant le caractère unique de chacune, son intimité propre, en opposition avec le temps évoqué, le temps vécu au camp où elles étaient ensemble, le retour c'est aussi la fin du "collectif" formé là-bas, c'est être ramener à son individualité.

Pour donner toute sa mesure à la densité du texte dans une forme dramaturgique des différents portraits-témoignages qui sont entrecoupés de poèmes, j'ai imaginé un choeur de femmes composé de 9 comédiennes qui représentent celles de leurs camarades qui ne sont pas revenus.

Le choeur par sa présence convoque la mémoire de tous les disparus, c'est un hommage également. Il souligne ce que les survivantes continuent de porter en elle, les disparues les accompagnent, les habitent. 

J'ai imaginé des mouvements chorégraphiques du choeur pour accompagner certains portraits comme un écho à ce que  ressentent les rescapés, comme leurs souvenirs continuent à produire des ondes, dans une sorte de valse communicante, communiante, comme si les survivantes et les disparues poursuivaient un dialogue et perpétuaient ainsi leurs liens, illustrant  l'impossible oubli.

 

Pour la musique j'ai souhaité qu'elle agisse sur le choeur comme une convocation des âmes disparues faisant le lien entre l’humain -les portraits témoignages- et le divin -les disparues- tout en accompagnant la délivrance des poèmes comme des messages.

Chaque intervention du choeur pour un poème présente un tableau vivant différent basé sur une spatialisation, et une musique qui accompagne la rythmique unique de chaque poème délivré. Ces tableaux sont l'articulation qui amène la fluidité propre au caractère éthéré des disparues et créer le lien nécessaire entre les portraits et les disparues.

Après avoir choisi la répartition des poèmes aux différentes femmes du choeur et défini une rythmique propre à chaque poème, j'ai confié sa réalisation ainsi que les choix musicaux qui les accompagnent à la directrice musicale et cheffe de choeur Mélanie Collin-Cremonesi, son travail en étroite collaboration avec mes projections a été essentielle et a permis de s'approcher au plus près de ce que j'imaginais, une forme « d’ailleurs » plaçant ainsi le choeur dans un espace poétique, onirique illustrant les disparues et figurant l’impossible héritage des portraits-témoins. 

L'ensemble du dispositif a aussi été penser pour créer des espaces temps différents : Le présent, le passé et « l’ailleurs »

Plus largement l’œuvre de Charlotte Delbo est inestimable, universelle. J’ai choisi "Mesure de nos jours" parmi toutes ses oeuvres, outre sa qualité littéraire époustouflante, pour la force de vie qu’il dégage, pour les valeurs qu'il représente, pour les questions qu'il pose à chacun de nous sur notre propre engagement, la résistance, la solidarité, la fraternité, sur notre humanité. 

Chacun, je pense, peut y trouver une profonde résonance sur le sens de la vie même.

Carole Rochelle

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